Qui sommes nous...

Les trois Gros et Kiki le chien... Nous vivons à bord d'un voilier nommé Carpe Diem, et pour être à la hauteur de cette devise horacienne, nous partons à l'aventure et à la rencontre de la nature sauvage, des paysages uniques et bouleversants et des gens, dans toute leur diversité...

jeudi 28 juillet 2011

Ponza – Ventotene – Ischia : des Pontines aux Napolitaines


6 h de matin. Le mouillage et la ville dorment encore après une nuit paisible et reposante. Tout est calme autour et il est presque barbare de rompre ce doux silence avec le bruit du moteur. Mais la route devant nous est encore longue et nos amis en Grèce nous attendent, alors on lève l’ancre de son nid douillet et on part vers l’Est, vers le soleil à peine levé…
Pas de vent et pas de vagues. Le bateau avance vite au moteur et bientôt les contours de Ventotene deviennent de plus en plus clairs. Nous n’avions pas prévus de faire une escale ici auparavant,  mais fascinés par le charme de Ponza, nous ne résistons pas à la soif de paysages de cet archipel.


Comme la carte de Patrick n’indiquait aucun mouillage dans les parages (nous découvrons après, que la grande partie des eaux autour fait partie d’une réserve naturelle stricte, sans droit de pêcher ni de jeter l’ancre), nous décidons de faire une halte au port. Assez grand et bien aseptisé, il ne ressemble en rien à celui de Ponza. Nous sommes en train de partager nos impressions à ce sujet, quand un sifflement en provenance du seul quai tout bétonné nous parvient. C’est un marin de la « capitainerie » (un bien grand mot pour une petite cabane avec un parasol et quelques chaises en plastique devant), qui nous montre une place et nous aide à l’amarrage de Carpe Diem. Il nous prête même une planche en bois, très semblable à la notre, en guise de passerelle. Un accueil génial, qui, malheureusement est bientôt brisé par un mauvais côté du port : les ferries. Le mouvement qui suit l’arrivée d’un de ces colosses est assez incroyable : on a l’impression d’être presque projetés sur le quai en emmêlant notre mât à celui du voisin au passage…
Il n’est pas question qu’on reste ici pour la nuit, mais de l’autre côté ce serait sympa de jeter au moins un coup d’œil sur le village. On décide que Patrick va diplomatiquement expliquer au maître de port qu’on voudrait s’arrêter juste pour une heure ou deux pour visiter ce magnifique endroit. Mais mon cher mari n’en fait qu’à sa tête : il revient après deux minutes tout content de lui et avec un sourire malicieux il m’explique, qu’il a ressorti encore ses boutons et son allergie pour convaincre les marins que notre escale est de nature « médicale ». Très ingénieuse son idée, je vous le dis…

Ce que mon époux n’a pas pris en compte dans ses calculs est le fait, que les marins, bien inquiets sur l’état de sa santé, ont appelé une ambulance qui nous guettait patiemment à la sortie du port… Sans trop de discussion les trois costauds embarquent Patrick en route pour l’hôpital. Un petit coup de clackson pour qu’on se pousse de son chemin, et les voilà partis. Par la vitre arrière j’aperçois la tête de Patrick et le petit signe qu’il me fait avec sa main…
Tout se passe tellement vite, qu’avec Julie, on reste toutes les deux avec nos bouches ouvertes de stupeur. « Maman, papa va revenir quand même, non ? » me demande Julie, en serrant ma main un peu plus fort. « Bien sûr ma chérie, bien sûr » - je lui réponds – « au moins je l’espère… ».


Ne sachant pas trop quoi faire, je décide de visiter le village. Juste derrière le nouveau port se trouve un tout mignon port de pêche et des voiliers qui osent la passe d’entrée : étroite et entourée de rochers. Des barques multicolores, des filets de pêche avec tout autre équipement, des petits restaurants et des magasins de produits locaux… c’est une miniature de Ponza avec un peu moins de touristes. J’ai un immense plaisir à photographier ce décor, quand de loin nous entendons les sons d’une musique gaie et entraînante. Julie me procède précipitamment pour ne rien rater du spectacle, et en haut du village nous découvrons un groupe de jeunes musiciens, tous souriants avec leurs instruments traditionnels. C’est un pur plaisir de les entendre exprimer leur joie de vivre, et Julie exprime le sien en valsant sur la ruelle rudement pavée.


De nouveau vers le port j’aperçois beaucoup des gens converger vers un gros trou noir derrière un joli restaurant : un tunnel. Nous décidons de l’explorer comme de grandes aventurières mais une fois dedans, j’entends Julie gémir : « Maman, donne-moi la main. Il fait trop noir ici, je ne vois rien du tout ». Ce vrai qu’il fait sombre mais de là à dire qu’on n’arrive pas à avancer… Je jette un coup d’œil sur ma fille et cela me suffit pour être sûr que la prochaine génération des « blondes » est prête pour prendre la relève : « Julie, enlève peut-être tes lunettes de soleil ? ». « Ah oui, ça va mieux comme ça. Merci maman ! »…
De l’autre côté du tunnel on découvre le paradis de tous les habitant de l’île : quelques 30 m2 du sable sur lequel on a planté quelques 400 parasols  - une plage italienne. Mais le plus intéressant de notre point de vue est qu’un peu plus loin vers le large j’aperçois plein de bateaux immobilisés : un mouillage.

J’ai hâte de partager ce scoop avec Patrick et comme par enchantement, en sortant du tunnel, un crissement des pneus nous fait sursauter : c’est l’ambulance et sa rigolote compagnie qui s’arrête, pour en faire débarquer mon époux, tout radieux. Il me voit et vient en courant : « t’aurais pas 10€ par hasard ? ». Je lui donne des sous en pensant que ça doivent être les frais de transport ou quelque chose comme ça, quand j’entends Patrick lancer : « Ouais, tenez les gars, pour un apéro… ». « Grazie » répondent-ils en chœur puis ils se serrent tous les mains comme des vieux copains. L’ambulance fait un demi-tour vertigineux (vu l’angle d’inclinaison de son axe principal) et repart avec un vrombissement de son petit moteur. Patrick le suit du regard avec un visage tout mélancolique. Je ne comprends rien me je commence à me faire des soucis: « Qu’est ce qu’ils t’on donné ? je demande, vraiment inquiète qu’on ai pu administrer des drogues au capitaine. « Encore une piqûre de cortisone dans les fesses » me répond-il et du coup je ne sais plus si c’est la piqûre ou la visite guidée de l’île dans une ambulance folle qui l’a mis dans cet état de Nirvana… Je me dépêche de lui montrer notre découverte et on décide de partir vers ce mouillage tout de suite.


En arrivant au port les marins de la capitainerie se lèvent pour demander à Patrick des nouvelles. Mon homme montre avec fierté qu’il a eu droit à une piqûre et les gens le tapent amicalement sur le dos, tous avec des grandes sourires… On dirait qu’une partie de la famille de Patrick, dont il ignorait l’existence, vient enfin le retrouver…Nous partons suivis par les signes de main amicaux en sachant qu’un jour on va revenir ici pour ressentir cette chaleur humaine et inconditionné. Nous allons sur la côte nord-est de l’île, juste entre Ventotene et Santo Stefano, l’île pénitentiaire (il y a encore 50 ans !). La seule bâtisse, une énorme prison, est à la fois fascinante et terrifiante. A son entrée, une inscription presque illisible : « Ici finit la justice des hommes, ici commence celle de Dieu »…





   Le mouillage est bondé, vu que c’est le seul endroit autour de l’île où on peut jeter l’ancre (même si les fonds sont complètement tapissés par les denses herbiers de posidonie), mais on se trouve une petite place au bord. Il n’est pas question de nous aventurer sur la plage. On profite plutôt du calme pour initier Julie à la nage avec une planche autour de Carpe Diem. Et Patrick comme d’habitude profite de la baignade pour apporter des touches cosmétiques au bateau. Cette fois c’est le tour de l’anode (qu’apparemment nous avons perdue au cours de notre stationnement paisible à port Fréjus). Après plusieurs plongeons en apnée, la visse est bien serrée et on peut partir. Direction : Ischia.
La navigation n’est pas toujours une partie de plaisir pour les tout-petits. A part les bandes de dauphins qui surgissent des fonds du grand bleu et animent joyeusement quelques instants, les enfants s’ennuient. Julie n’est pas différente et si on ne lui trouve pas très vite quelque chose à faire , c’est elle qui invente (et d’habitude on préfère d’éviter cela).
Comme la mer durant cette petite traversée était assez calme (houle modéré, ne pas confondre avec un calme plat), je lui propose de peindre nos coquillages, pour en faire de jolis colliers. De nature très enthousiaste Julie accepte cette proposition avec beaucoup de joie et elle m’arrache presque des mains les flacons de la peinture nacrée de différents couleurs. Avant que je puisse préparer le « champ de travail » et couvrir la table du cockpit, une grande partie de contenu du flacon rouge se trouve dispersé sur le T-shirt blanc de ma fille. Pas de panique. Je lui enlève le vêtement taché et je pars le laver vite fait. De mon retour, c’est le petit short qui est victime d’un accident avec la couleur verte cette fois. Je laisse Julie continuer en culotte et je redescends à nouveau dans la salle de bains. Pendant quelques instants tranquilles je réussis de peindre un coquillage (Julie est déjà à son sixième) quand une vague renverse le flacon bleu… sur la culotte de Julie. C’est un signe : fini l’atelier artistique pour aujourd’hui. On commence à débarrasser et ranger tout le matériel quand un bateau italien nous faits chavirer le flacon rouge qui coule à nouveau : cette fois ci sur la table en teck… Je me précipite pour tout nettoyer et je réussis à enlever la couleur rouge, mais par endroits notre table brille maintenant d’un éclat nacré…
Après cette aventure nous avons constatés, que les jeux de société représentent beaucoup moins de risques pour tout le monde et nous nous plongeons dans le monde passionnant du jeu de l’oie.

Et là, avec la plus grande stupeur et effroi, nous nous rendons compte que notre Julie, adorable petit ange, notre rayon de soleil tout gentil et innocent, triche, et cela sans cligner même des yeux… Sans trembler sa petite main tourne rapidement le dé, pour qu’il affiche le nombre qui va bien. Ou sa douce voix continue à compter mais le pion, lui ne bouge plus, attendant la récompense de la case gagnante… Le pire survient quand même quand elle joue juste avec son papa : en sachant que c’est toujours moi qui lis attentivement les notices, elle change les règles de jeu au fur et à mesure comme bon lui semble en prétendant que c’est moi qui lui ai appris cela… Une longue discussion remédie temporairement à cette fâcheuse habitude mais nous n’allons sûrement pas l’emmener au casino pendant des longues, longues années.




La navigation se poursuit dans un calme idyllique quand d’un seul coup un son strident nous soulève de nos sièges : on a une touche ! La canne à pêche tremble toute excité et nous avec elle. Est-ce un thon au bout de cette ligne, et une promesse d’un délicieux carpaccio pour ce soir, ou un poisson surprise, qu’on va griller aux herbes de Provence ? Patrick en ferveur d’action crie : « Vite ! Passe-moi le crochet ! Vite, c’est un gros ! ». L’émotion et suspense deviennent presque palpables. On décompte les mètres qui nous séparent du petit avion, juste avant le leurre et on commence petit à petit apercevoir des reflets claires dans l’eau. Un peu longs ces reflets… un serpent de mer ? (encore ?). Le mystère s’éclaircie quand la bobine s’arrête : pas de carpaccio ce soir, à moins de cuisiner un énorme bout de scotch en plastique… Le mouillage d’Ischia est déjà tout près et on distingue bien les lumières de son port.  Julie les regarde avec mélancolie : « On peut aller manger les frites ce soir ? »…



mercredi 27 juillet 2011

Belle île en mer… Ponza


Greg, Sandra, bébé Gros… on vous dédicace tous les
meilleurs moments de ce voyage.
On aurait tant aimé que vous soyez avec nous…
On pense à vous…


Il y a des endroits et des villes qui vous marquent, qui vous réchauffent le sang dans les veines, qui vous submergent avec un mélange d’odeurs, de couleurs et de vies… Entre un commerçant de fruits et légumes, en admiration devant chaque tomate et chaque pomme de son stand, et le chien de pêcheur qui saute dans les eaux troubles du port pour en récupérer une vieille balle jeté par son maître et se sèche ensuite dans une flaque d’huile par terre, entre les bruits de clackson des scooters et des petites voitures de livraison – vous vous sentez vivants. Le silence et la solitude de la mer sont vite oubliés…
Le peuple des Pontines est très gentil et serviable, même si peu avancé dans les langues étrangères. Au petit ponton, apparemment destiné à l’accueil des zodiacs, un jeune homme tout souriant nous attend déjà. Nonchalamment il prend le bout de notre embarcation, et après l’avoir amarré, il nous offre sa main pour traverser sur la terre ferme. Surpris par ce comportement « gentlemen » Patrick fouille dans sa poche et en sort une pièce de 2€. Le jeune a l’air encore plus surpris que Patrick mais il prend la monnaie avec un grand « Gracie ».
 Nous commençons la visite et tout de suite nous découvrons que la fameuse façon de conduire italienne, n’est rien comparée à ce qui se passe à Ponza. En fait, ils ont ici les voitures les plus étroites  du monde (même si jusqu’à 7 personnes peuvent y rentrer et même s’assoir confortablement) qui se faufilent entre les piétons avec une maniabilité incroyable. Ajoutez à ça des centaines de scooters… Du coup il n’est même pas la peine de rêver d’un trottoir. Tout le monde a les mêmes droit, sauf que nous, on n’a pas de clackson…



Le quai où on débarque est un lieu très important de la ville. C’est ici que sont amarrés tous les bateaux des pêcheurs, certains dans un tel état de décomposition mécanique, que c’est un miracle qu’ils peuvent encore sortir en mer. C’est bien encourageant pour Patrick : notre Carpe Diem, même avec toutes ses pannes en est encore loin… Juste en face des bateaux il y a des magasins et des boutiques, mélangeant les saveurs des fruits, des épices et des tresses de piment rouge accrochés fièrement à l’encadrement des portes, aux bijoux, les vêtements de marques et les petits bistrots. Patrick trouve son bonheur dans un grand magasin de pêche, pendant que nous, les filles, on essai de prendre quelques photos des petits restos tous mignons au bord du quai. Les touristes se mélangent avec les autochtones et bientôt toute cette foule bavarde et joyeuse nous entraîne à la visite de la ville.


Le lendemain l’état de santé de Patrick se détériore un peu. Toutes ses articulations lui font mal et ses boutons forment maintenant des grandes plaques rouges sur ses jambes. Je réussis de le convaincre de ne pas quitter l’île sans avoir vu un médecin mais une fois à nouveau dans la ville, autres choses passent avant : comme par exemple les glaces.  Petit à petit nous nous engageons dans les petites ruelles et découvrons la face intérieure de ce joli décor. Pas de déception : tout est aussi propre, bien aménagé et plein de couleurs qu’à l’extérieure. Le seul bémol : ces ruelles étroites font partie d’un circuit « Tour de Ponza » en Taxi tout-terrain. En avançant à une brave allure et frôlant les murs, ces engins nous obligent de nous écraser comme des crêpes pour ne pas être rayés par leur rétroviseurs.

Pour redescendre des hauteurs de la ville nous prenons un petit sentier vertigineux avoisinant la falaise. Et là, à nos yeux s’ouvrent des paysages magnifiques : un mouillage tout tranquille aux eaux turquises et entouré par les rochers. Je sais que pendant ce voyage j’ai prononcé les mots « magnifique », « extraordinaire » etc. bien beaucoup de fois (ma nature « artistique » s’extasie assez facilement), mais ici, vu d’en haut, on se croirait au paradis. On décide d’explorer obligatoirement ce coin plus tard, avec notre zodiac.   
Mais pour l’instant l’heure est venu à la visite médicale alors après une bière chez un sympathique « Welcome Bar » (ne vous fiez pas aux apparences : ils ne parlent pas anglais mais ils arrivent à comprendre notre pauvre italien) pour le courage, nous entreprenons notre quête de docteur.
La tâche n’est pas facile, vu la barrière linguistique, et petit à petit les avis différents et souvent contradictoires, nous font douter d’une issue concluante. Mais alors une dame, qui observait nos vains essais de communication, nous sauve : « Vous cherchez un docteur pour le chien ? » On se regarde un peu surpris, on n’a jamais mentionné de chien (au moins je pense) et je montre Patrick du doigts. « Alors ne vous inquiétez pas, j’arrange tout », la petite dame nous guide vers un arrêt de taxis et après deux mots échangés avec un des chauffeurs elle nous indique de monter. « Il vous conduira à l’ambulatoire » explique t’elle en lançant un dernier « Ciao » amical.




Notre chauffeur, Antony (le n° de téléphone : 347.83.47.395 au cas où vous auriez besoin) est très sympathique, même si pas trop bavard (il le serait peut-être si on comprenait un peu mieux sa langue). Nous sortons de la ville et nous nous engageons dans un tunnel tellement étroit que je suis étonnée qu’on ne racle pas les murs en passant. Et soudainement, à mon plus grand effroi, j’aperçois un scooter se lançant à notre rencontre. Je ferme les yeux en attendant le choc mais les deux véhicules se croisent sans problème (d’où la conclusion que soit il faut que je révise mon niveau d’astigmatisme, soit les murs sur Ponza sont extensibles). Nous prenons la route de la colline et avec beaucoup de stupeur nous découvrons que l’ambulatoire est situé dans un coin complètement perdu et éloigné de la ville, par contre avec une vue à couper le souffle surplombant toute la baie. Pendant que Patrick se fait examiner et, j’espère, soigner par une jolie doctoresse italienne (et blonde), nous faisons un tour en admirant les paysages de l’île. Notre brave capitaine s’en sort avec une piqûre de cortisone dans les fesses et une ordonnance dans la poche et nous sommes prêts à reprendre notre petit taxi. Antony, très compréhensif au regard de nos appareils photo et nos caméras, nous fait un petit parcours guidé (« piu bella », « magnifica ») de plus beaux coins de Ponza. Les plus belles photos de ce blog sont grâce à lui : « Grazie per tutti Antony ! ».


De retour au port au début de l’après-midi, nous sommes en train de récupérer le zodiac quand mon regard se pose sur la pancarte : « Visitez toutes les grottes de Ponza ! ». Je me renseigne pour plus de détails : le tour coûte 10€ par personne, soit 30€ pour nous 4 (les chiens voyagent gratuitement, contrairement aux enfants). Diplomatiquement j’explique à la dame qu’on va poser d’abord nos courses et qu’on reviendra, mais sur la route Patrick nous propose : « Moi je vais vous faire la visite de grottes gratuitement. Tenez vous bien ! » Et avec un crissement des bouées nous partons en direction des trous noirs dans la partie basse des falaises.

Au fait, je ne sais même pas pourquoi je voulais visiter ces endroits étroits, humides et complètement noirs – moi, le claustrophobe de degré modéré (je peux entrer dans un ascenseur de taille moyenne, mais pas sous une table à cartes). A peine entré dans une grotte que je m’entends déglutir bruyamment : « Il fait bien noir là bas, il n’y a sûrement pas d’issue, hein ? Mais plutôt la marche arrière. Patrick ! La marche arrière ! On sort d’ici !!! »


Au lieu de grottes je propose de visiter le mouillage paradisiaque repéré auparavant.  D’en bas tout semble encore plus calme… les couples d’Italiens très romantiques, étalés dans leurs barques colorés, en somnolant… quand soudainement ce silence apaisante est brisé par un hurlement inhumain : c’est notre Kiki qui, comme d’habitude impatiente de se baigner, a emmêlée la ficelle fine du gonfleur de zodiac autour d’un doigts de sa patte arrière. Elle hurle de douleur, Patrick hurle pour qu’elle se taise, Julie hurle pour savoir ce qui se passe et moi dans tout ça, j’essai de calmer la chienne pour lui enlever cette fichue ficelle de la patte. De chaque barque et de chaque zodiac surgit maintenant au moins une tête en colère et je ne suis pas persuadé que cette façon de faire semblant, que ce n’est pas nous qui foutons tous ce bazar, est bien crédible…

Bref, après ce petit accident on repart chez nous, de l’autre côté des rochers, avec une intention ferme de se baigner sur une petite et bien mignonne plage. Répétant cette manœuvre des dizaines de fois sur les plages sableuses, on s’approche au moteur, puis, au dernier moment, on saute dans l’eau et on court en tirant le bateau. Ce que nous avons fait, sans prévoir pour autant que ce fût une plage couverte de cailloux, plus pointus les uns que les autres. Au lieu de courir on sautait comme des lapins enragés en criant « Aie, aie, aie… ». Du coup Julie et Kiki s’amusaient toutes seules, pendant que nous, enveloppés par les poids un peu plus importants et plus sensibles aux blessures de la voûte plantaire, gardions sagement le zodiac.
Nous revenons au bateau pour un peu de « repos » : Patrick s’occupe de la réparation du charriot de barre d’écoute qui a explosé pendant notre dernière traversée et nous, les filles, partons à la chasse aux petites billes vertes – une partie intégrante du dit chariot, qui se sont éparpillées sur tout le pont, et dans les endroits difficilement imaginables. Un bon jeu pour une après-midi ensoleillée. Mais le jour n’est pas encore fini et il nous faut revenir dans la ville pour acheter le médicament de Patrick et également, une carte SIM italienne, pour avoir Internet avec nos téléphones.
Nous arrivons alors à un nouveau point d’accostage (l’ancien était un peu trop près du point de visite des grottes, et je n’étais pas prête pour une confrontation) et un nouveau gentil homme nous aide à débarquer. Je ne connais pas trop les coutumes d’ici mais j’ai comme une impression qu’on est les seuls à payer pour ce service d’accueil. Ou peut-être les autres sont beaucoup plus discrets…

Bref, on repart d’abord à la pharmacie et ensuite en quête de vendeur d’une carte Sim. On le trouve dans une boutique de haute ville mais voilà le même souci : la vendeuse ne parle pas un mot d’anglais. En faisant des grands efforts on comprend aussi bien que mal ce qu’elle essai de nous expliquer et on opte pour une carte TIM de 35€ (dont 9GB d’internet). Mais comme rien ne peut jamais être facile, pour activer la carte il faut acheter un code dans un bureau de tabac et ensuite appeler une info ligne… italienne…


Nous sommes heureux ici. Non que j’aimerais habiter à Ponza. J’ai déjà donné avec la vie sur une île et je sais que j’ai besoin de plus d’espace (surtout les jours de grande colère). Mais à part les nouvelles destinations à découvrir, j’ai besoin aussi des endroits où revenir pour m’apaiser et me ressourcer. Et Ponza me donne l’envie d’y revenir. On se dit à bientôt alors… 

jeudi 21 juillet 2011

Porto Vecchio – Ponza ou « je veux descendre !!!! »

  A tous ceux qui nous attendait en Sardaigne : nous y voilà, à Ponza. Et ne cherchez pas ce nom dans l’annuaire de petits ports et villages de la cote sarde, nous sommes sur une île d’archipel des Pontines au sud du Rome. Mais comment on s’est retrouvé là ?
  Ce mercredi matin le plan était tout simple : prendre du gasoil, faire le plein d’eau et partir en direction de Sardaigne pour chercher une occasion propice à la descente vers la Sicile. Sauf que…
Déjà le matin Patrick est un peu mal au point avec son allergie à on ne sait quoi – je soupçonne que l’histoire des bulots dans le slip n’est pas pour rien dans cette multitude des boutons rouges qui ont envahis ses jambes et ses bras. Je lui conseille d’aller voir un médecin avant partir, mais la seule chose qu’il m’accorde c’est la petite visite à la pharmacie du coin. Il en sort avec une boîte de pilules, qui ne soignent pas d’allergies, mais endorment l’individu frappée par ce désagrément, pour oublier qu’il a envie de se gratter à mort. Pas très bon plan d’endormir le capitaine avant le voyage…
  Bref, après s’être incrusté en sauvage dans une place de port (essayez seulement de joindre la capitainerie par la VHS), et avoir rempli le réservoir d’eau, nous partons. Et là, déjà bien au près avant même sortir du golfe, Patrick me fait part de ses plans : « Tu sais, » dit-il « pour demain ils annoncent quelques 15 N de vente de ouest. Ce sera idéal pour aller vers les Pontines plutôt. Comme ça on s’approchera des îles Eoliennes. Que-ce que tu en penses ? » Et moi, comme d’habitude quand on m’annonce le vent dans le bon sens (et pas au près, que je déteste – peu importe que le bateau avance vite, je le déteste point barre !), je réponds « Ouais, pourquoi pas ? Mais qu’est-ce qu’on va avoir comme vent aujourd’hui ? » «Presque pas de vent – m’assure Patrick – quelques 5N… ». Parfait ! Une journée au moteur avec les joies et l’excitation de la pêche à la traîne et une autre, avec le vent arrière dans les voiles et le bateau posé en équilibre sur les vagues, volant tel un oiseau vers une île magnifique et verdoyante… Juste parfait !
  On venait de sortir du Golfe de Porto Vecchio et le vent nous a quitté avec. Au moteur, tranquillement, j’étais en train de m’installer confortablement sur une banquette remplie de coussins (une bonne position pendant le voyage, c’est primordial !), quand une énorme vague, venue de nulle part, fait chambouler le bateau en renversant nos verres et nos tasses de café. Je saute sur mes pieds pour crier, bien sûr juste pour la forme, sur le fou furieux qui est passé trop vite et trop près de nous, mais autour il n’y a personne. A ce moment une autre vague, encore plus grande, penche à nouveau le navire, m’obligeant à me tenir aux supports de bimini pour ne pas dégringoler au milieu du cockpit. « C’est quoi ça ? » crie-je à Patrick, complètement stupéfaite. « C’est de la houle ma chérie » me répond-il. « Mais quelle houle, tu ne m’as pas parlé d’une houle ? » je m’affole un peu. « c’est parce qu’on est près des Bouches de Bonifacio… » Ouais, tu parles… Sauf que les vagues viennent de face, soit la direction opposée des Bouches. Mais bon, comme j’ai beaucoup moins d’expérience, je me tais. Pour instant… Il faut juste attendre que ça passe, pour que cette première journée au moteur – paisible et « à plat », se passe come prévu.

  11h, midi, 3h de l’après-midi : on est maintenant bien au près avec quelques 20N du vent de nord-est et toujours ces vagues géantes de face. Fatiguée par ces mouvements pénibles, pas tout-à-fait naturels pour le corps humain, je commence à râler : « Ouais, 5N de vent. Ton bulletin météo ne vaut pas un clou ! Ils ne savent rien au fait ! Il se peut que demain on va avoir 40N de vent d’est ! ». « Mais si – essai de me calmer Patrick – mes prévisions sont en temps réel. Tu peux aller les voir sur ma carte. Les iso- (quelque chose) annoncent exactement le vent qu’on a maintenant. » Là je m’énerve pour de bon : « Ce ne sont pas des prévisions ! Ce sont des foutous constats, même moi je peux te dire quel temps on a maintenant ! » Bref, on se dispute.
  Cette conversation bien animée est soudainement interrompu par un son aigu : ziiiiiiiiiiiii. La canne à pêche ! Après 10 jours d’essais quelque chose a enfin mordu à notre hameçon. Patrick se jette sur la bobine en criant « Choque un peu les voiles !!! ». Il a bien dit « un peu » et comme on était déjà bien serrés, je lâche peut-être 1m – 1.5m de génois et à peu près la même chose de la grande voile. Ce que je ne savais pas ce qu’on marchait à presque 10N à ce moment (ce qui pour nous est super extra vite) et que mes « petits réglages » n’ont pas vraiment arrivés à ralentir le bateau. J’entendais Patrick crier à répétition « Choque, choque ! » et là, je vois le fil de pêche voler dans les aires. Je comprends tout de suite qu’une nouvelle engueulade est à l’horizon. Patrick est furieux. Il crie que je ne suis même pas capable de mettre le bateau en panne et que si c’était lui qui tombait dans l’eau, il serait sans doute noyé avant que j’arrive à m’arrêter. Il n’avait pas tout faux, sauf que si c’était lui, je réagirais sûrement un peu plus vite. Je pense…. Mais pour l’instant je suis tellement vexée, que je m’assois sur ma banquette et je boude jusqu’au soir.
  Une chose assez incroyable pour moi dans la navigation à la voile est, qu’après quelques instants (plus ou moins longues) on s’habitue aux conditions extrêmes et aux mouvements brusques du bateau pour se sentir « assez bien ». Mais un simple minuscule réglage des voiles brise ce confort et on (voir – moi) tremble à nouveau. Endormie sur ma place préférée j’ai tout de suite senti (et entendu) quand Patrick a rajouté le moteur pour augmenter notre vitesse et empêcher les vagues de nous rattraper. Et ce chamboulement m’empêchait de dormir quand le reste de l’équipage roupillait tranquillement.  La pleine lune n’était pas pour rien non plus : elle brillait tellement fort, que chaque fois que j’ouvrais les yeux, j’avais l’impression que ce sont des phares d’un énorme cargo, qui d’une minute à l’autre va nous rentrer dedans…
  Vers deux heures de matin Patrick immerge du fond de la cabine de Julie (qui en même temps dormait par terre dans le cockpit) et décide d’arrêter le moteur. Le vent souffle maintenant à presque 30N, par l’arrière, emmenant la houle à changer sa direction : les énormes vagues nous poursuivent à présent avec un bruit effrayant. Toujours ballotés on essai une autre chose : de mettre le génois de l’autre coté que la grande voile pour stabiliser le bateau, et là, un bruit assourdissant nous fait sursauter. Le génois chavire puis fait un nœud sur lui-même. On regarde ce spectacle en silence puis Patrick commence à crier : « Il va se déchirer ! Mon génois va se déchirer ! » et il part vers l’avent. Je commence à stresser pour de bon mais le capitaine revient sain et sauf dans le cockpit. Après quelques instants en tirant de deux côtés nous arrivons à défaire le nœud mais quand Patrick rajuste les derniers réglages, je m’entends marmonner : « Je débarque. J’en ai marre. On arrive quelque part et je débarque… ».


Quand vers 3h de l’après-midi nous apercevons enfin notre terre promise de cette étape du voyage, l’ile de Ponza, je me retiens pour ne pas exprimer ma déception. Les cotes rocheuses et austères, les falaises abruptes et quelques petites maisons dispersées par ci et par là. Je prie seulement pour que le mouillage nous soulage de cette houle infernale. Mais pour atteindre le lieu de repos il faut aller sur la cote Est de l’île et en la contournant nous voyons de plus en plus de bateaux de toutes les tailles allant vers le même point.

  Puis on voit un phare et le toit d’une église sur les hauteurs de la colline, et soudainement à nos yeux s’ouvre un de plus beau et mignon port de la Méditerranée. Le mouillage entouré par les rochers et les eaux limpides et calmes, petits passages pour le zodiac, et surtout la ville : pleine de couleurs chaudes et flamboyantes, vivante…
  Nous voilà à Ponza…


mercredi 20 juillet 2011

Porto Vecchio et ses trésors ou quand est-ce que ces pièces de rechange vont enfin arriver !

  L’escale à Porto Vecchio, même si bien agréable, n’était pas uniquement touristique. Mercredi dernier (le 6 juillet) Patrick a commandé en France une courroie adaptée à notre générateur de courant (qui marchait maintenant parfaitement bien avec une réparation de fortune), et il a fait envoyer, avec beaucoup de frais supplémentaires, en Chronopost 24. Nous voilà dimanche le 11, et toujours pas de colis en vue…
  


Bref, nous étions coincés ici pour une durée indéterminée, mais nous ne nous sommes pas plaints pour autant. Comme notre dernière visite à Porto Vecchio datait d’il y a 6-7 ans, nous avons bien décidés de nous rafraîchir la mémoire.
  Tout d’abord, nous nous sommes rapprochés un peu du port (vu que le trafic dans le chenal est très dense, avec tous ces bateaux à moteur entrant et sortant à fond les manivelles, il n’était pas bien conseillé de s’aventurer là-dedans avec notre petit zodiac 6 chevaux), et nous avons choisis le petit mouillage juste derrière l’îlot Ziglione, à gauche du port maritime. Même si la plage de ce coté laissait beaucoup à désirer, avec ses eaux vertes foncées et les fonds en plaques rocheuses colmatées par une boue brunâtre, le mouillage lui-même était parfaitement bien abrité.
  Mais comme le bonheur pur ne dure jamais trop longtemps chez les Gros, nous nous sommes aperçus, que notre  groupe électrogène fournissait bel et bien du 220V, mais il ne chargeait pas du tout les batteries, dont celle qui maintenait son propre fonctionnement. Pour les âmes techniques, voici une devinette : le mystère consistait en fait, que plus on branchait d’instruments (dont chargeurs de tous les types), plus il donnait du courant. En revanche, en enlevant tout, le courant baissait à 150V… Il faut être Bac +12 pour comprendre cette logique.


Après quelques recherches et quelques coups de fil le coupable de ce dysfonctionnement a été trouvé : c’était le condensateur. En attendant maintenant pas un mais deux colis, la seule chose qui nous restait à faire, c’était de charger nos batteries et nos appareils au moteur (ce qui explique les grands délais dans la publication de ce blog – je n’ai plus du jus dans mon ordinateur !). J’espère quand même qu’on va arriver à réparer notre « source de bonheur », sinon, cet été on va être les rois du moteur…

  En attendant que la poste française fasse son travail, nous avons joué des touristes avec pour cap : la vielle ville de Porto Vecchio. Tous ceux qui connaissent bien la Corse savent, que chaque ville et chaque village sont situés ici en haut d’une colline, et accessibles  après de longues minutes (voir dizaines de minutes) de « grimpage ». Porto Vecchio n’est pas différent sur ce point là, mais ce qui le différencie est plutôt le degré de la pente. En voulant alléger les souffrances des pauvres touristes, les Corses ont raccourcis le parcours menant au cœur de village, mais ils ont oublié d’ajouter un escalateur ! En arrivant tout en haut j’avais les gouttelettes de sueur qui se figeaient à mes cils, en m’empêchant de voir clairement, et les genoux qui flageolaient. Patrick, tiré par Kiki cherchant un peu d’ombre, est arrivé le premier et adossé nonchalamment au mur tout frais, lançait : « Alors les filles, ça avance ? ». Bon, soyons honnêtes : cette escalade vertigineuse est faisable, mais qu’une fois dans la journée. Il ne faut surtout pas oublier son pain….



  En récompense de cet effort nous nous sommes installés à l’ombre d’un restaurant local, pour vite récupérer les calories récemment perdus. Et si je peux me permettre de vous donner un conseil culinaire, ce sera : « Ne jamais commandez un gratin corse au milieu d’été ! ». Génétiquement programmée à la nutrition sur la base de patates, je me suis jetée sur ce plat sans trop réfléchir. Mais une fois mon assiette devant, toute cette graisse apparente, les gros morceaux de lard et la crème fraîche formant une croûte épaisse, ont réveillé ma conscience qui disait : « Tu vas le regretter… ». Et j’ai regretté… Pendant que le reste de la famille (qui a mangé sagement les plats beaucoup plus estivaux) jouait et barbotait dans l’eau, moi, j’ai surveillé sagement le zodiac, avec un estomac en plomb. Ca m’apprendra…
  A côté de la vielle ville, très charmante et tellement typique pour la Corse, avec ses maisons en pierre et des petites ruelles étroites et submergées par la végétation luxuriante, nous avons découvert un autre clou de programme : la visite du Leclerc. Situé à droite de la marina, à quelques 10 min de marche, ce magasin est très bien approvisionné et en plus, on peut y profiter de la livraison gratuite de nos courses, en poussant le caddie jusqu’au port. Une solution bien pratique, surtout qu’on est plein des packs d’eau.
  Le golfe de Porto Vecchio n’est pas mal du tout, mais au bout de quelques jours nous avions envie de changer un peu d’air et nous décidons de passer notre week-end sur les plages de Palombaggia.  L’endroit semblait parfait pour une baignade dans les eaux turquises et beaucoup de bateaux de toutes les tailles y étaient déjà amarrés. Néanmoins, au moment d’avoir jeté notre ancre, nous avons remarqués ce mouvement caractéristique de tous les mâts, de droite à gauche et de gauche à droite, comme dans une danse folle dont nous étions tous les patins : la houle… Sans un mot Patrick redémarre le moteur et nous levons ancre. Même la plus magnifique des plages ne vaut pas une nuit de roulis…


  Nous poursuivons notre route un peu plus vers le sud : dans la baie de Santa Giulia. Sur notre gauche : plusieurs rangés de bouées, pour la grande majorité déjà occupées et situées un petit peu trop près des rochers à notre gout. Mais au milieu du passage, quelques bateaux ont déjà jetés leurs ancres et nous décidons nous joindre à eux.
  Comme d’habitude sur la cote est de la Corse, à 7h30 la plage est déjà à l’ombre, mais cela ne nous empêche pas de sauter en vitesse dans le zodiac pour une baignade du soir. Kiki est tellement impatiente qu’elle se laisse tromper par les eaux si limpides et transparentes, que le fond sableux semble être à la porté de la main, et elle saute de zodiac à quelques 50 m de la plage. Bonne exercice, qu’on lui laisse faire néanmoins en solitaire. Nous filons plutôt vers une géniale invention de cette baie : un ponton central.  L’accostage ultra facile et pas d’obligation de charrier ce lourd bateau pneumatique sur la plage, que demander de plus ? Peut-être un peu de tranquillité la nuit…  Même si la houle n’est pas énorme, à chaque mouvement nous entendons les petits « gling-gling » de nos verres rangés dans le placard, et des « bam-bam » des drisses tapant sur le mât.

  Au petit matin nous décidons de tenter notre chance au mouillage suivant : Porto Novo. Et là nous trouvons enfin notre bonheur. Moins connu que ses voisins, Santa Gulia et Rondinara, Porto Novo offre des paysages paradisiaques et tranquilles, surtout dans sa première baie (en fait elle est première si on descend vers le sud, il vaut alors mieux dire, celle à droite). 

Presque déserte, elle offre des fonds de 3.6m, du coup on peut jeter l’ancre assez près de la plage et faire un peu d’exercice physique en ramant tels les gondoliers de Venise. 

Et une fois sur terre, c’est le bonheur pour tout le monde : baignade, jeux, enlèvement des petites épines de chardons de nos pieds… En fin de matinée quelques bateaux d’autochtones, pour qui cet endroit magnifique n’était apparemment pas inconnu, nous rejoignent et nous décidons de nous aventurer un peu dans les terres. Un petit chemin, tout mignon et parsemé abondamment de crottes des cochons sauvages, nous invite à la balade. Seulement, après quelques dizaines de mètres, le seul passage possible semble se concentrer au niveau de nos genoux plutôt et je commence à craindre un peu la rencontre des maîtres de lieux. En plus, Julie, (qui n’a rien de ses parents – un peu casse-cous), prend un immense soin d’écarter chaque brindille, chaque fleur lui barrant le chemin, à la main, une par une. Au bout d’une vingtaine de minutes on arrive au bout : dans la deuxième baie, bondée, bruyante et prise en otage par les jet-ski. On revient vite « chez nous » pour profiter du reste de notre après-midi dans le calme et le bonheur. Et le soir : cap sur Stagnolo.

  Mardi midi : après une semaine d’attente nos colis arrivent enfin. Patrick se remet au boulot et moi je regarde déjà un bouquin sur la Sardaigne et planifiant notre parcours de lendemain. Deux heures plus tard nous sommes prêts à entendre ce charmant ronronnement de notre groupe qui nous rendra la liberté de charger ce qu’on veut quand on veut… Et là, au lieu de ce son « agréable et mélodieux », nous entendons un « aghhhagh »… La batterie du groupe a rendu lame…

dimanche 17 juillet 2011

Bastia – Porto Vecchio ou comment poser son bateau dans le sable…

  Mercredi le 6 juin, 10h30. Après un approvisionnement en pain, en eau et quelques soins cosmétiques apportés au bateau (le lavage du pont s’imposait depuis longtemps), nous partons en direction du sud. Et comme d’habitude le vent nous souffle droit dans le nez…. Nous alternons alors la voile et le moteur sous un soleil estival et petit à petit nous nous mettons à l’évidence : vu le sale état de la coque du bateau (nous promenons avec nous tout un plateau de fruits de mer accrochés tels les poissons pilots à notre navire), Porto Vecchio devrait nous attendre au moins un jour de plus.
  Guidé par les infatigables questions de Julie : « On arrive quand Papa ? C’est bientôt ? C’est là qu’on va s’arrêter ? », Patrick décide de passer la nuit en face des plages de Campoloro.  Vu de la mer toute la cote est de la Corse est une grande et longue plage et nous avons pris le cap sur la plage de Moriani. Les marins avertis et débutants prenez bien la note de ce qui va suivre : il y a des hauts fonds là bas !!! Filant parallèlement à la cote à une vitesse heureusement réduite à cause d’objets naviguant de tout sort qui nous entourent (et dont on n’avait pas trop de confiance), pour la deuxième fois de sa vie Patrick a posé son bateau sur le fond. D’ailleurs, c’est bien inquiétant que les deux fois c’était en ma présence – apparemment je dois d’une façon ou d’une autre brouiller le sonar interne de mon capitaine préféré…. Ou seulement lui porter la poisse… En tout cas après des grands coups de moteur nous avons réussi de bouger le bateau, j’ai pris soin de bien guider Patrick à la vue : en évitant les tâches trop claires, bien évidemment peu profondes, au moins dans ma logique à moi. Mais quand nous nous sommes échoués pour la deuxième fois, j’ai du réviser ma technique et j’ai vite cherché une « ficelle avec un bout du plomb au bout » (c’est quoi déjà le nom scientifique de ce truc ?), et j’ai mesuré la profondeur à l’ancienne. Et là, quelle surprise : toutes les tâches sombres, pour moi bien profondes, était en fait couvertes de végétation et cachés à seulement 1.5-2 mètres sous la surface de l’eau. Par contre toutes les zones claires, sablonneuses, environnaient les 5-6m. Quelle confusion !
  Après cette correction apporté au système de guidage manuel, il a été bien plus facile de nous en sortir, et même, entre temps, de découvrir que le sondeur (le vrai), n’était pas en panne, comme nous avons pensés. Il affichait des tirets « ---- » parce qu’il n’y avait pas de fond…

  
Suite à cette aventure forte en émotions nous avons décidé d’aller mouiller bien plus loin de la plage,  et nous nous déplaçons vers le sud de Campoloro, en gardant bien nos distances avec les fonds. Le temps d’une mise à l’eau de zodiac et de son moteur, d’une courte promenade sur la plage et d’une baignade (pour Patrick une baignade bien professionnelle : avec le masque, le tuba, les palmes et une raclette pour soulager un peu notre pauvre hélice), il était déjà temps de diner et peu après toute la famille est descendu se coucher à l’intérieur. Sauf moi. Je ne sais pas vous, mais moi je préfère de me « cailler » dans le cockpit que de me tenir aux bords du lit pour de pas rouler de l’autre côté. Et cette nuit la houle été forte… Je n’ai pas fermé l’œil, dérangé sans arrêt par les drisses qui tapait contre le mât, et qu’il fallait border, par les fils électriques à l’intérieur du mât, que je n’ai pas pu border, et enfin par le pilote automatique qui sonnait de temps à autre pour des raisons inconnus…Il était bien avant 6h de matin, quand toute résignée je suis arrivé dans notre cabine. Patrick, bien reposé (c’est sûr, il avait le grand lit que pour lui), me laisse toute la place et démarre l’engin pour continuer notre descente vers le sud.


  Quand nous nous réveillons avec Julie vers 9h, nous sommes déjà bien avancés sur la route. Le travail sur la coque de la veille a bien porté ses fruits et nous avons gagné presque 1 nœud en vitesse.


Nous arrivons dans le golfe de Porto Vecchio au milieu de l’après-midi, et nous suivons la carte à la lettre. Même si le chenal pour entrer au port est très bien balisé, dans le golfe il y a un grand nombre des hautes fonds et des cailloux, pas toujours indiqués sur la surface. Nous naviguons doucement vers Stagnolo, la baie au fond du golfe (41°37,1’N ; 9°18,9’E) qui s’avère être un mouillage parfait (vu notre mouillage de la veille, il n’était pas difficile de trouver mieux, mais je vous assure que cet endroit là est idéal pour y jeter son ancre et passer une nuit tranquille).
  Les fonds sableux, l’eau turquise et peu profonde, que demander de plus…  Bon, peut-être un peu moins de toute sorte de bateaux d’école de voile, des planches à voile et autres, qui, en doutant de la maîtrise parfaite de leur utilisateurs, nous faisait sursauter à chaque fois qu’un de ces engins s’approchait dangereusement de nous. Mes craintes n’étaient pas complètement infondées, vu que le catamaran d’un ami de Patrick a eu un cat 27 carrément incrustée dans un de ses flotteurs. Mais ici apparemment les apprentis étaient bien suivis et arrivaient chaque fois à virer au dernier moment en changeant le cap vers un autre « malheureux » bateau mouillé dans la baie.
  Nous ne prenons pas beaucoup de temps à regarder ce spectacle car une superbe plage au sable blanc et complètement déserte nous interpelle de loin. Tous les quatre nous sautons dans le zodiac et nous nous laissons emporter par cette eau limpide et tellement peu profonde qu’il faut marcher plusieurs dizaines de mètres pour s’immerger – et même, pas totalement. Mais quel paradis pour Julie et Kiki. Cette première revoit ses acquis au niveau de la nage libre façon « petit chien » et s’initie tranquillement au « flottage » passive avec le masque et le tuba. La deuxième profite de ces faibles profondeurs pour partir à la chasse aux huitres, malheureusement mortes, qu’elle ramène toute fièrement sur la plage.

  
Mais le vrai chasseur c’est Patrick. Et liant le travail au plaisir, il part à la chasse aux bulots. Néanmoins, en oubliant (ah ces hommes…) que son short avait les poches sur les cotés, il fourre tous ces trésors carrément à l’intérieur de son maillot. Pas une bonne idée, vu les extrémités piquantes de ces mollusques. J’espère que cette petite dizaine d’escargots en valait la peine de trois jours d’irritation dans un endroit bien sensible…
  La nuit s’annonce bien tranquille, même si pour le moment un apprenti skieur (nautique) nous casse un peu les oreilles et fait bouger le bateau. Mais bientôt tout se tait et nous profitons de notre diner dans un calme absolue, sur une mer plate et éclairé par le brillant croissant de la lune (et par nos leds bien sûr)…