Qui sommes nous...

Les trois Gros et Kiki le chien... Nous vivons à bord d'un voilier nommé Carpe Diem, et pour être à la hauteur de cette devise horacienne, nous partons à l'aventure et à la rencontre de la nature sauvage, des paysages uniques et bouleversants et des gens, dans toute leur diversité...

jeudi 21 juillet 2011

Porto Vecchio – Ponza ou « je veux descendre !!!! »

  A tous ceux qui nous attendait en Sardaigne : nous y voilà, à Ponza. Et ne cherchez pas ce nom dans l’annuaire de petits ports et villages de la cote sarde, nous sommes sur une île d’archipel des Pontines au sud du Rome. Mais comment on s’est retrouvé là ?
  Ce mercredi matin le plan était tout simple : prendre du gasoil, faire le plein d’eau et partir en direction de Sardaigne pour chercher une occasion propice à la descente vers la Sicile. Sauf que…
Déjà le matin Patrick est un peu mal au point avec son allergie à on ne sait quoi – je soupçonne que l’histoire des bulots dans le slip n’est pas pour rien dans cette multitude des boutons rouges qui ont envahis ses jambes et ses bras. Je lui conseille d’aller voir un médecin avant partir, mais la seule chose qu’il m’accorde c’est la petite visite à la pharmacie du coin. Il en sort avec une boîte de pilules, qui ne soignent pas d’allergies, mais endorment l’individu frappée par ce désagrément, pour oublier qu’il a envie de se gratter à mort. Pas très bon plan d’endormir le capitaine avant le voyage…
  Bref, après s’être incrusté en sauvage dans une place de port (essayez seulement de joindre la capitainerie par la VHS), et avoir rempli le réservoir d’eau, nous partons. Et là, déjà bien au près avant même sortir du golfe, Patrick me fait part de ses plans : « Tu sais, » dit-il « pour demain ils annoncent quelques 15 N de vente de ouest. Ce sera idéal pour aller vers les Pontines plutôt. Comme ça on s’approchera des îles Eoliennes. Que-ce que tu en penses ? » Et moi, comme d’habitude quand on m’annonce le vent dans le bon sens (et pas au près, que je déteste – peu importe que le bateau avance vite, je le déteste point barre !), je réponds « Ouais, pourquoi pas ? Mais qu’est-ce qu’on va avoir comme vent aujourd’hui ? » «Presque pas de vent – m’assure Patrick – quelques 5N… ». Parfait ! Une journée au moteur avec les joies et l’excitation de la pêche à la traîne et une autre, avec le vent arrière dans les voiles et le bateau posé en équilibre sur les vagues, volant tel un oiseau vers une île magnifique et verdoyante… Juste parfait !
  On venait de sortir du Golfe de Porto Vecchio et le vent nous a quitté avec. Au moteur, tranquillement, j’étais en train de m’installer confortablement sur une banquette remplie de coussins (une bonne position pendant le voyage, c’est primordial !), quand une énorme vague, venue de nulle part, fait chambouler le bateau en renversant nos verres et nos tasses de café. Je saute sur mes pieds pour crier, bien sûr juste pour la forme, sur le fou furieux qui est passé trop vite et trop près de nous, mais autour il n’y a personne. A ce moment une autre vague, encore plus grande, penche à nouveau le navire, m’obligeant à me tenir aux supports de bimini pour ne pas dégringoler au milieu du cockpit. « C’est quoi ça ? » crie-je à Patrick, complètement stupéfaite. « C’est de la houle ma chérie » me répond-il. « Mais quelle houle, tu ne m’as pas parlé d’une houle ? » je m’affole un peu. « c’est parce qu’on est près des Bouches de Bonifacio… » Ouais, tu parles… Sauf que les vagues viennent de face, soit la direction opposée des Bouches. Mais bon, comme j’ai beaucoup moins d’expérience, je me tais. Pour instant… Il faut juste attendre que ça passe, pour que cette première journée au moteur – paisible et « à plat », se passe come prévu.

  11h, midi, 3h de l’après-midi : on est maintenant bien au près avec quelques 20N du vent de nord-est et toujours ces vagues géantes de face. Fatiguée par ces mouvements pénibles, pas tout-à-fait naturels pour le corps humain, je commence à râler : « Ouais, 5N de vent. Ton bulletin météo ne vaut pas un clou ! Ils ne savent rien au fait ! Il se peut que demain on va avoir 40N de vent d’est ! ». « Mais si – essai de me calmer Patrick – mes prévisions sont en temps réel. Tu peux aller les voir sur ma carte. Les iso- (quelque chose) annoncent exactement le vent qu’on a maintenant. » Là je m’énerve pour de bon : « Ce ne sont pas des prévisions ! Ce sont des foutous constats, même moi je peux te dire quel temps on a maintenant ! » Bref, on se dispute.
  Cette conversation bien animée est soudainement interrompu par un son aigu : ziiiiiiiiiiiii. La canne à pêche ! Après 10 jours d’essais quelque chose a enfin mordu à notre hameçon. Patrick se jette sur la bobine en criant « Choque un peu les voiles !!! ». Il a bien dit « un peu » et comme on était déjà bien serrés, je lâche peut-être 1m – 1.5m de génois et à peu près la même chose de la grande voile. Ce que je ne savais pas ce qu’on marchait à presque 10N à ce moment (ce qui pour nous est super extra vite) et que mes « petits réglages » n’ont pas vraiment arrivés à ralentir le bateau. J’entendais Patrick crier à répétition « Choque, choque ! » et là, je vois le fil de pêche voler dans les aires. Je comprends tout de suite qu’une nouvelle engueulade est à l’horizon. Patrick est furieux. Il crie que je ne suis même pas capable de mettre le bateau en panne et que si c’était lui qui tombait dans l’eau, il serait sans doute noyé avant que j’arrive à m’arrêter. Il n’avait pas tout faux, sauf que si c’était lui, je réagirais sûrement un peu plus vite. Je pense…. Mais pour l’instant je suis tellement vexée, que je m’assois sur ma banquette et je boude jusqu’au soir.
  Une chose assez incroyable pour moi dans la navigation à la voile est, qu’après quelques instants (plus ou moins longues) on s’habitue aux conditions extrêmes et aux mouvements brusques du bateau pour se sentir « assez bien ». Mais un simple minuscule réglage des voiles brise ce confort et on (voir – moi) tremble à nouveau. Endormie sur ma place préférée j’ai tout de suite senti (et entendu) quand Patrick a rajouté le moteur pour augmenter notre vitesse et empêcher les vagues de nous rattraper. Et ce chamboulement m’empêchait de dormir quand le reste de l’équipage roupillait tranquillement.  La pleine lune n’était pas pour rien non plus : elle brillait tellement fort, que chaque fois que j’ouvrais les yeux, j’avais l’impression que ce sont des phares d’un énorme cargo, qui d’une minute à l’autre va nous rentrer dedans…
  Vers deux heures de matin Patrick immerge du fond de la cabine de Julie (qui en même temps dormait par terre dans le cockpit) et décide d’arrêter le moteur. Le vent souffle maintenant à presque 30N, par l’arrière, emmenant la houle à changer sa direction : les énormes vagues nous poursuivent à présent avec un bruit effrayant. Toujours ballotés on essai une autre chose : de mettre le génois de l’autre coté que la grande voile pour stabiliser le bateau, et là, un bruit assourdissant nous fait sursauter. Le génois chavire puis fait un nœud sur lui-même. On regarde ce spectacle en silence puis Patrick commence à crier : « Il va se déchirer ! Mon génois va se déchirer ! » et il part vers l’avent. Je commence à stresser pour de bon mais le capitaine revient sain et sauf dans le cockpit. Après quelques instants en tirant de deux côtés nous arrivons à défaire le nœud mais quand Patrick rajuste les derniers réglages, je m’entends marmonner : « Je débarque. J’en ai marre. On arrive quelque part et je débarque… ».


Quand vers 3h de l’après-midi nous apercevons enfin notre terre promise de cette étape du voyage, l’ile de Ponza, je me retiens pour ne pas exprimer ma déception. Les cotes rocheuses et austères, les falaises abruptes et quelques petites maisons dispersées par ci et par là. Je prie seulement pour que le mouillage nous soulage de cette houle infernale. Mais pour atteindre le lieu de repos il faut aller sur la cote Est de l’île et en la contournant nous voyons de plus en plus de bateaux de toutes les tailles allant vers le même point.

  Puis on voit un phare et le toit d’une église sur les hauteurs de la colline, et soudainement à nos yeux s’ouvre un de plus beau et mignon port de la Méditerranée. Le mouillage entouré par les rochers et les eaux limpides et calmes, petits passages pour le zodiac, et surtout la ville : pleine de couleurs chaudes et flamboyantes, vivante…
  Nous voilà à Ponza…


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